Médecine de l'Amazonie
La légende
Une légende Kaxinawá raconte que les indiens du village avaient été très malades et que le chamane Kampu avait fait tout ce qui était possible pour les guérir. Toutes les herbes médicinales connues avaient été utilisées, mais aucune n’aidait l’agonie des malades. Kampu alors entra dans la forêt et sous l’effet de l’ayahuasca, il reçut la visite du grand dieu. Il apporta dans ses mains une grenouille, de laquelle il prit une sécrétion blanche, et enseigna comment l’utiliser. De retour à la tribu et en suivant les instructions qu’il avait reçues, le chamane Kampu était capable de guérir ses frères. Après sa mort, l’esprit de Kampu commença à vivre dans la grenouille et les Indiens commencèrent à utiliser sa sécrétion pour rester actifs et en bonne santé.
Le kambo est obtenu en capturant la grenouille géante « Phyllomedusa bicolor » qui n’a aucun prédateur naturel et en grattant la sécrétion de sa peau. Elle est protégée par le poison que sa peau sécrète. On trouve en général ces grenouilles près des rivières dans la forêt Amazonnienne. Ces ruisseaux sont appelés igarapés par les indigènes. Quand il pleut, les grenouilles se regroupent autour de ces igarapés et émettent un bruit particulier. Les Indiens imitent ce cri pour leurrer la grenouille et pouvoir ainsi la capturer durant la saison des pluies
Les batraciens sont ensuite délicatement suspendus par les quatre pattes de manière à ce que leur corps prenne la forme d’un X. Ses pattes sont massées afin de stimuler la production de poison. La substance empoisonnée de sa peau est délicatement récoltée et déposée sur des petites tablettes plates en bambou, où le poison est laissé à sécher. Quand les indiens ont récolté assez de poison, ils libèrent la grenouille dans la nature. Il est toujours pris un grand soin afin de ne pas la blesser pendant la récupération du poison. Le Kambo séché est alors mélangé à un peu de salive ou d’eau, ce qui lui donnera une apparence gélatineuse. Il pourra ensuite être appliqué sur la peau par petites touches.
On applique à peine quelques gouttes sur la peau après avoir écorché une partie de l’épiderme, cela peut provoquer un effet purificateur très profond.
LE RITUEL DU KAMBO
Les indiens utilisent le Kambo dans leurs rituels, menés par des chamans. Les participants boivent deux litres d’eau dans un estomac vide. La couche supérieure de l’épiderme est ensuite légèrement brûlée avec un bâton d’encens ou autre puis une goutte de Kambo est appliquée sur la brûlure et la sécrétion est ainsi directement assimilée par le flux sanguin. On applique généralement plusieurs points lors d’une session de Kambo.
Une fois l’application du Kambo, on ressent vite une sensation de chaleur. Le sang monte à la tête, le coeur s’accélère et le visage peut gonfler plus ou moins. Une forte nausée intervient au bout de quelques minutes en général, et pousse le participant à vomir.
Ça accélère également le rythme cardiaque et augmente la température du corps. On commence alors à transpirer et on peut aussi avoir des frissons. La séance dure environ 20 à 30 minutes. Après une session de Kambo, on se sent revitaliser.
Pour une efficacité optimale, il est conseillé de faire 1 session par jour 3 jours d’affilé ou sous 28 jours (lune). Dans la forêt amazonienne, il nomme les 3 sessions, le vaccin.
CHIMIE
Le Kambo est composé de nombreuses substances différentes, dont chacune a son propre effet sur le corps humain. Il contient un taux élevé de peptides (protéines), comme les familles peptides : bradykinine (Phyllokinine) Tachykinines (phyllomedusine) caeruleine, sauvagine, tryptophyllines, dermorphines, deltorphines et bombesines.
QUELQUES EFFETS PHYSIQUES POSITIFS DU KAMBO :
1. L’estomac est vidé d’une façon si intense, que la bile finit par être sécrétée. Ce processus ne semble pas très sain, mais en fait ce n’est pas le cas. Le foie libère des toxines solubles dans le gras à l’intérieur de la bile, et celle-ci est dégagée dans les intestins. Quoiqu’il en soit, 90 % de la bile est absorbée par la paroi intestinale pendant le processus de digestion. Ce n’est visiblement pas très utile, puisqu’elle absorbe également 90 % des toxines solubles dans le gras. Comme l’estomac se débarrasse de la bile pendant une session de Kambo, un taux élevé de toxines est sécrété, qui devrait normalement être réabsorbé par le corps.
Les participants peuvent être atteints de diarrhées. Les selles traversent rapidement l’intestin et la paroi intestinale n’est pas capable d’absorber la bile. La sécrétion de bile est décuplée en comparaison à la sécrétion habituelle. On sécrète autant de toxines solubles que l’on aurait fait en dix jours. Le Kambo est idéal pour la détoxification. Après quoi le foie est stimulé pour produire la bile à nouveau.
2. Les températures corporelles augmentent avec le Kambo. De nombreux virus et bactéries meurent, même avec une différence de seulement un degré. L’effet est le même qu’avec un sauna. Outre ces deux processus physiques, le Kambo contient également certaines substances qui stimulent le système immunitaire, réduisent les inflammations, ont des fonctions antibactériennes et antivirales et améliorent la circulation sanguine.
Le kambo est un soin puissant. Le prendre est une expérience intense physiquement et mentalement. Le nettoyage est profond et s’accompagne de puissantes purges émotionnelles et physiques. La cérémonie est un moment intime de connexion avec soi-même et en même temps, à chaque fois, une épreuve. On en ressort fortifié et régénéré, c’est le cadeau qu’offre la grenouille à ceux qui veulent la rencontrer.